samedi 3 octobre 2015

Certains veulent utiliser les réfugiés pour affaiblir l'Europe

"Certains veulent utiliser les réfugiés pour affaiblir l'Europe"
Donald Tusk


Sopot (Pologne), 2 oct 2015 (AFP) -


Le président du Conseil européen Donald Tusk a affirmé vendredi que l'afflux de réfugiés vers l'Europe était utilisé par certains dirigeants étrangers - qu'il n'a pas nommés - pour affaiblir politiquement l'Union européenne.

"Pour la première fois depuis que je fais de la politique, j'ai entendu des hommes politiques ouvertement déclarer que les réfugiés qui se dirigent vers l'Europe sont leur méthode pour imposer à cette dernière certains comportements", a dit M. Tusk, intervenant au cours d'un forum européen à Sopot, sur la côte polonaise de la Baltique.

"Certains disent que c'est leur méthode pour affaiblir l'Europe en tant qu'organisme politique", a poursuivi le président du Conseil européen, invitant à en "tirer les conclusions qui s'imposent".

Auparavant, il a critiqué "les solutions militaires proposées par certains États en Syrie" qui risquent, selon lui, de "pousser les huit millions de Syriens déplacés à l'intérieur de leur pays à quitter leur patrie".

Il a ensuite mentionné "l'engagement militaire de la Russie, l'engagement militaire et politique de l'Iran et l'engagement de plus en plus clairement évoqué de la Chine".

"Les réfugiés sont devenus un élément de la confrontation politique et parfois, dans les mains et dans l'esprit de certains hommes politiques, ils deviennent un élément de marchandage, voire un nouvel élément de la guerre hybride dont on a vu les premiers signes en Crimée et dans le Donbass", en Ukraine, a encore dit M. Tusk.

"Je ne parle pas uniquement de la Russie", a-t-il précisé.

Le terme de "guerre hybride" avait été utilisé pour décrire le conflit armé dans l'est de l'Ukraine, auquel la Russie est accusée par Kiev et les Occidentaux de prendre part par des moyens détournés, des militaires sans appartenance déclarée à une armée, des opérations de forces spéciales, une offensive de propagande et des manoeuvres aux frontières.

Tout en réaffirmant la vocation de l'UE à accueillir les réfugiés fuyant la guerre, M. Tusk a mis en garde contre la réapparition de "murs" aux frontières oubliées à l'intérieur de la zone Schengen.


"Aujourd'hui, nous ne décidons pas qui entre en Europe. Ce sont les passeurs, la détermination des gens et même la météo en Méditerranée qui le décident", a-t-il dit.


Enfin, M. Tusk a trouvé une raison d'être optimiste dans le fait que les réfugiés vont vers l'Europe car ils y voient le lieu ils seront bien traités, où ils pourront bâtir un avenir meilleur pour leurs enfants.