mercredi 8 juillet 2015

Une danse macabre à Bruxelles



Une danse macabre pour ne pas irriter les négationnistes d'Ankara



La commission parlementaire belge refuse la reconnaissance du génocide de 1915

La commission des Affaires étrangères de la Chambre a adopté mardi une proposition de résolution relative au génocide arménien. Diverses propositions de loi avaient abouti en commission ces dernières semaines.

Après des débats menés tambour battant par les membres de la majorité, le texte déposé par ces derniers a été voté vers 13h30. Le texte n'a cependant pas recueilli pas l'unanimité: PS, cdH et Ecolo se sont abstenus. Le Sp.a a voté pour.

La majorité avait en effet accéléré le tempo: elle avait obtenu, après une suspension de séance, que le texte qu'elle a déposé soit d'utilisé comme base de travail.

Un des amendements déposés visait à faire reconnaître le génocide arménien par le Parlement. Les parlementaires des partis de la majorité gouvernementale ont cependant rejeté cette proposition, comme d’autres qui avaient été introduites par l'opposition.

Le cœur même du texte se focalise sur la nécessité d'encourager la réconciliation entre la Turquie et l'Arménie mais n'appelle pas les autorités belges à poser un acte de reconnaissance, une occasion manquée supplémentaire, selon l'opposition, après l'absence du chef d'État, du chef du gouvernement ou de la diplomatie belge aux cérémonies officielles à Erevan.

Un texte critiqué par l'opposition

C'est "une grande satisfaction", s'est réjoui le chef de groupe MR Denis Ducarme alors que la résolution doit encore être votée en séance plénière.

"Le MR tente de nous faire croire qu'il prend ses responsabilités, une des plus belles façons de les prendre eût été d'envoyer le Premier ministre MR ou le ministre des Affaires étrangères MR à Erevan, cela aurait été bien plus fort qu'une déclaration à la Chambre", a réagi Stéphane Crusnière (PS), disant ne pas comprendre que la majorité ne laisse pas à la Chambre l'opportunité de prononcer un "acte solennel fort" quinze ans après le Sénat.

La majorité n'a pas non plus souhaité à ce stade étendre la reconnaissance du génocide aux autres minorités touchées comme les Araméens, les Syriaques, les Chaldéens, les Assyriens ou les Grecs Pontiques, même si le texte de la résolution évoque également le drame des massacres qui ont visé ces populations. Pour Vanessa Matz (cdH), cela revient à considérer qu'il existe des "sous-génocides" et il s'agit d'un mauvais signal alors que les chrétiens d'Orient font l'objet de nouvelles persécutions de masse. Tendu, le débat s'est figé un peu plus quand Jean-Jacques Flahaux (MR) a jugé qu'il fallait veiller, sur la forme, à ne pas "ajouter d'autres wagons" ou à "noyer le poisson", autant d'expressions qui ont choqué l'opposition.

"Je n'en reviens pas encore des leçons qu'on a pu prendre de partis qui ont été aux responsabilités et qui auraient pu demander à leur Premier ministre la reconnaissance, mais qui ne l'ont pas fait, par choix politique", a tonné Denis Ducarme.

Enfin, l'appel à élargir la loi pénalisant le négationnisme lancé par Olivier Maingain (FDF) n'a pas non plus été retenu.

Benoît Hellings (Ecolo) avait souligné l'importance d'une résolution qui permette de contribuer, loin des "raisons communautaires" et des "jeux politiciens" animant certains partis, à "l'effet domino" qui doit permettre la reconnaissance du génocide par la Turquie. Au final, il a regretté le "brouillard" et l' "ambigüité" du texte adopté.

Un long chemin vers la reconnaissance

En 1998, le Sénat avait déjà adopté une résolution reconnaissant le génocide et invitant le gouvernement à faire de même. En cette année 2015, 100 ans après les massacres, la commission des Relations extérieures devait discuter sur pas moins de quatre propositions de résolution, visant à la reconnaissance officielle par la Belgique (Parlement et gouvernement) du génocide arménien. Propositions émanant de la majorité, mais aussi du cdH, du PS et du Vlaams Belang. Quatre textes car chacun dans ce dossier redevenu soudain sensible comptait bien faire entendre ses propres accents.

C'est le Premier ministre lui-même qui aura beaucoup contribué à remettre le débat à l'agenda. Le 18 juin, interrogé par un député de sa majorité, Charles Michel, à la tribune de la Chambre, donne l'ultime coup d'accélérateur. "Je veux être très clair, ma position est connue et sans équivoque : j’estime que les événements tragiques survenus entre 1915 et 1917, et dont le dernier gouvernement de l’Empire ottoman est responsable, doivent être qualifiés de génocide. Telle est la position du gouvernement belge". Des propos retentissants qui lui attirent les applaudissements de tous, y compris côté opposition.

C'est vrai que le débat pour une reconnaissance semblait s'enliser. Le 26 mars 1998, une résolution adoptée par le Sénat (par 49 voix pour et 9 abstentions) reconnaissait le génocide des Arméniens. Mais cette résolution ne demandait pas formellement au gouvernement belge de le reconnaître officiellement au nom de la Belgique. 2015, 100 ans du génocide oblige, la majorité avait promis un texte rapidement mais de texte, jusqu'à la déclaration solennelle du Premier ministre, il n'y avait pas encore. Alors que dans le même temps, le 22 avril 2015, le Parlement flamand avait pour sa part adopté déjà sa résolution reconnaissant le génocide des Arméniens. Le ministre des Affaires étrangères MR Didier Reynders semblait vouloir d'ailleurs rester bien plus prudent et l'on évoquait une volonté de ne pas crisper Ankara à l'approche d'un Europalia Turquie...

Retour à la Chambre

La balle est donc revenue côté Parlement. Avec pas moins de quatre propositions de résolutions donc. La majorité (N-VA, MR, CD&V, Open VLD) avait donc fini par accoucher de son texte tant annoncé, optant pour une inscription et une discussion en urgence - la volonté étant de le faire adopter en plénière de la Chambre d'ici la trêve estivale, 21 ou 23 juillet.

Mais le cdH, le PS et même le Vlaams Belang avaient sorti leur propre mouture. Le texte le plus court étant celui du Belang, datant de septembre 2014, sans dérapage extrême, appelant "le gouvernement à reconnaître le génocide" et à "inciter la Turquie à faire de même", pour la justice et la réconciliation entre les peuples turc et arménien. Ce que mentionne aussi la proposition de résolution de la majorité consacrée "à la commémoration du centenaire du génocide", reprenant les propos très clairs du Premier ministre Charles Michel à la Chambre

Sauf que l'on s'interrogeait sur ce premièrement disant que la "Turquie actuelle ne saurait être tenue pour responsable du drame vécu par les Arméniens de l'Empire ottoman". "Trop prudent, trop léger, étrange de mentionner cela en premier point", estimait le cdH Georges Dallemagne qui y va aussi de sa résolution, plus ferme, moins ambiguë selon lui, et demandait "une indispensable clarté des autorités belges" et un engagement très ferme du gouvernement à faire pression sur la Turquie.

Les séquelles des "affaires" Ozdemir et Kir

Le cdH avait choisi la ligne dure après l'exclusion très médiatique pour non-reconnaisance du génocide de sa députée bruxelloise Mahinur Ozdemir.

Quatrième et dernier texte, celui du PS, cosigné notamment par la députée carolo Ozlem Ozen, le PS qui devait clarifier sa propre ligne après les hésitations autour des minutes de silence d'hommage aux victimes aux Parlements bruxellois et fédéral, et l'absence de certains élus tels Emir Kir, depuis mollement rappelé à l'ordre.

Le PS qui parlait bien de "génocide" arménien mais estime que "le Parlement n'a pas vocation à se substituer au pouvoir judiciaire" et appelait les instances internationales à se prononcer juridiquement sur le sujet.
(Voir: http://www.info-turk.be/443.htm#PS)

http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-chambre-debat-de-la-reconnaissance-du-genocide-armenien?id=9025777



dimanche 5 juillet 2015

Graham Fuller’s Five Middle East Predictions for 2015

Five Middle East Predictions for 2015
 
Graham Fuller*
 
Only a fool offers longer term predictions about the Middle East.
I offer the following longer terms predictions about the Middle East for 2015.


1-     ISIS will decline in power and influence. I have stated earlier that I do not believe ISIS is viable as a state; it lacks any coherent and functional ideology, any serious political and social institutions, any serious leadership process, any ability to handle the complex and detailed logistics of governance, and any opportunity of establishing state-to-state relations in the region. Additionally it has alienated a majority of Sunni Muslims in the world, regardless of deep dissatisfactions among Sunnis in Iraq and Syria. Ideally ISIS should fail and fall on its own, that is, without massive external, and especially Western, intervention that in some ways only strengthens its ideological claims. To be convincingly and decisively defeated, the idea of ISIS, as articulated and practiced, needs to demonstrably fail on its own and in the eyes of Muslims of the region.

2-     The role of Iran as an actor in the region will grow. Despite all the hurdles, I feel optimistic about US negotiations with Iran. Both parties desperately need success in this regard. Normalization is ludicrously long overdue and necessary to the regional order. Furthermore, Iran and Turkey, are the only two “real” governments in the region today with genuine governance based on some kind of popular legitimacy—for all their faults. Turkey is democratic, Iran semi-democratic (presidential elections, while not fully representative, really matter.) These two states espouse many of the aspirations of the people of the region in ways no Arab leader does. The Gulf will be forced to accommodate itself to the reality of a normalized Iran; the two sides have never really been to war, despite all the occasional bellicose noises that have emerge from them periodically over the past century. Iran is post-revolutionary power with a vision of a truly sovereign Middle East free of western domination– none of the Arab states truly are. Iran’s influence in the region will also grow in supporting growing regional challenges to Israel’s efforts to keep the Palestinians under permanent domination.

3-     President Erdoğan in Turkey will find his influence beginning to crumble in 2015. After a brilliant prime-ministership for the first decade of AKP power, he has become mired in corruption charges and has lashed out in paranoid fashion against any and all who criticize or oppose his increasingly irrational, high-handed, and quixotic style of rule. He is in the process of damaging institutions and destroying his and his party’s legacy. I continue to have faith that Turkey’s broader institutions, however weakened by Erdoğan, will nonetheless suffice to keep the country on a basically democratic and non-violent track until such time as Erdoğan loses public confidence—which could be sooner rather than later.

4-     Russia will play a major role in diplomatic arrangements in the Middle East, an overall positive factor. Russia’s ability to play a key diplomatic (and technical) role in resolving the nuclear issue in Iran, and its important voice and leverage in Syria represent significant contributions to resolution of these two high-priority, high-risk conflicts that affect the entire region. It is essential that Russia’s role be accepted and integrated rather than seen as a mere projection of some neo-Cold War global struggle—a confrontation in which the West bears at least as much responsibility as Moscow. The West has insisted on provoking counter-productive confrontation with Moscow in trying to shoehorn NATO into Ukraine. Can you imagine an American reaction to a security treaty between Mexico and China, that included stationing of Chinese weapons and troops on Mexican soil?
 

5-     The Taliban will make further advances towards gaining power within the Afghan government. After 13 years of war in Afghanistan the US failed to bring stability to the country as a whole, or to eliminate the Taliban as a major factor in the national power equation. The Taliban is much more than an Islamist movement; it has in many ways been a surrogate for nationalist Pashtun power within Afghanistan (although not accepted as such by all Pashtun). The Pashtun lost out big when the Taliban government was overthrown by the US in 2001; inclusion of mainstream Taliban within the new government is essential to future Afghan stability. The Taliban will seek to strengthen their power on the ground this year in order to enhance their powers of political demand in any possible future negotiations over power sharing. They cannot be functionally excluded. Desperately needed stability in Pakistan also depends in part upon such a settlement.



* Graham Fuller is among the best analysts the CIA has ever produced.  He is now a well seasoned academic and scholar about Islam and the region.  I have read several of his books and articles.  Any US administration will be well served to follow his advice on the Middle East.  His predictions are worth considering.

                                                                                                                                                        Roger Akl